Quelles sont les différences entre la course à pied sur route et le trail ?
Nolwenn
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9 min de lecture
Sommaire
Course à pied sur route / trail-running : des différences dès l’origine
🚀 Course à pied sur route : l’entraînement au service de la performance
🌿 Trail : le désir de courir en nature
🏔️ Une différence de terrains majeure
Trail / route : un rapport à la performance et une appréciation des résultats de course différents
🧐 Un décryptage des parcours différent : distance, dénivelé, conseils de gestion de course
⏱️ Un rapport au chrono et aux résultats distinct
💡 Des stratégies de course aux antipodes
Les différences d’équipement et de nutrition entre la course à pied sur route et le trail-running
👟 Trail ou route : une liste de matériels en partie distincte
🍫 Une approche de la nutrition et du ravitaillement radicalement différente
Course sur route et trail : deux disciples aux frontières de plus en plus floues
Ah cette fameuse opposition entre le trail et la course à pied sur route… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle alimente encore plus d’une conversation entre coureur(se)s. Certain(e)s rapprochent les deux disciplines, d’autres au contraire, les trouvent éloignées. Finalement, quelles sont les différences entre trail et course sur route ?
Course à pied sur route / trail-running : des différences dès l’origine
Le trail et la course à pied sur route ont dès l’origine une histoire différente. Cela explique en partie l’écart entre ces deux disciplines.
🚀 Course à pied sur route : l’entraînement au service de la performance
La course à pied est étroitement liée à la performance. Déjà dans l’Antiquité, on retrouve traces de compétitions organisées à l’occasion de fêtes religieuses. La légende raconte que les premières manifestations auraient eu lieu en Irlande à l’occasion des Tailteann Games en… 1829 avant Jésus-Christ !
Dès le départ, les athlètes doivent performer, faire démonstration de leur force, de leur puissance. Ils courent sous les yeux du public, mais aussi des Dieux. Le but est vraiment de mettre en avant la puissance et le désir de gagner.
La notion de plaisir est absente et pourrait même sembler indésirable. On court pour montrer sa résistance, sa capacité au dépassement en hommage à une divinité ou à un(e) dirigeant(e).
🌿 Trail : le désir de courir en nature
Le trail-running apparaît sous cette appellation dans le courant des années 1990. En réalité, il est difficile de dater avec exactitude la naissance de la discipline.
Certain(e)s diront qu’elle a toujours existé. L’Homme court depuis l’origine. Les chasseurs-cueilleurs n’étaient-ils pas indirectement des traileurs avant l’heure ?
Mais c’est aux États-Unis que l’on constate l’émergence de courses encadrées, officielles. On cite souvent la Western States, créée en 1974 comme le premier trail sous sa forme actuelle. En France, il a fallu attendre 1995 et le Trail des Templiers pour voir émerger la pratique.
C’est cependant durant la pandémie de COVID-19 en 2020 et dans les années qui suivent que le trail connaît un essor incroyable. Le désir de retour à la nature est très présent chez les nouveaux et nouvelles pratiquant(e)s. Cette même nature qui a incité les pionnier(ère)s du trail à s’aventurer sur les sentiers, autour de chez eux/elles d’abord, puis de plus en plus loin. À l’époque, on parlait uniquement de “course en nature”.
🏔️ Une différence de terrains majeure
La différence majeure entre le trail et la course à pied sur route, c’est bien évidemment le terrain.
D’un côté, tu évolues sur l’asphalte, en ville souvent, en tout cas dans des zones urbaines. Tes parcours peuvent comporter quelques montées mais en règle générale, ils sont relativement plats. Tu peux aisément avoir une foulée et une vitesse régulières.
De l’autre côté, tu cours en pleine nature, avec le relief et les spécificités que cela implique. Le terrain est irrégulier : boue, cailloux, sable etc. Tu avances donc plus prudemment, en tout cas au début. D’autant que tu peux être confronté(e) à un dénivelé important, qu’il soit positif (montées) ou négatif (descentes). C’est l’aventure !
Trail / route : un rapport à la performance et une appréciation des résultats de course différents
L’approche historique radicalement différente entre le trail et la course à pied sur route se retrouve dans le rapport que ces deux disciplines entretiennent aujourd’hui avec la performance et la compétition.
🧐 Un décryptage des parcours différent : distance, dénivelé, conseils de gestion de course
Traditionnellement, en course sur route, on distingue les parcours en fonction de leurs distances. Semi-marathon, marathon, 10K etc. Chaque format a un nombre de kilomètres établi, qui lui donne d’ailleurs son nom.
Il est rare de trouver des indications supplémentaires sur les caractéristiques du parcours. Il faut souvent se rendre sur le site officiel de la course et faire ses propres recherches. Tu ne verras presque jamais une affiche de course sur route faire apparaître le dénivelé par exemple. Ce dernier est d’ailleurs souvent anecdotique.
Ce dénivelé figure en revanche toujours sur les informations principales des trails, en tête d’affiche. Cette donnée est en effet indissociable de la discipline et fait partie intégrante de la stratégie de course. Elle est accolée directement au kilométrage pour apprécier le ressenti d’effort réel sur la course.
Ainsi, une distance donnée seule n’est pas pertinente sur trail-running. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ITRA (International Trail Running Association) a établi un mode de calcul en “kilomètres-effort” pour apprécier la difficulté d’une course.
La gestion de la course et les conseils des coachs seront aussi radicalement différents sur les deux disciplines. Dès la préparation, les entraînements diffèrent avec un focus mis sur le travail de côtes en trail, là où les qualités de vitesse sont souvent privilégiées en course sur route. La préparation physique, indispensable dans les deux cas, sera elle-aussi légèrement adaptée.
Attention toutefois : idéalement, l’un n’exclut pas l’autre ! Mais s’il y a besoin d’arbitrer, l’accent ne sera pas mis au même endroit.
⏱️ Un rapport au chrono et aux résultats distinct
Que regardes-tu en premier lorsque tu passes la ligne d’arrivée d’une course sur route ? Ton chrono bien sûr ! Cette discipline est étroitement liée à la notion de temps de course et de vitesse.
Peu importe ton objectif initial, tu auras forcément envie de savoir en combien de temps tu l’as réalisé. Peut-être envisageras-tu d’ailleurs de refaire la même course pour battre ton record ! Dans ce cas, on t’invite à opter pour nos programmes d’entraînement.
Cela se vérifie aussi socialement. Lorsque tu parles de course à pied à ton entourage, il y a fort à parier que tes proches te demandent ton chrono très rapidement dans la discussion. Si par ailleurs tu as marché durant ton épreuve, il y a de grandes chances que toi-même et tes ami(e)s voient cela comme un échec. Le fameux adage : “Marcher, c’est renoncer”.
Sur trail, les choses fonctionnent différemment. Bien sûr, les classements sont établis en fonction du temps de course. Les élites ont donc forcément un rapport au chrono important. Toutefois, cette discipline accorde plus d’importance à la distance et au dénivelé qu’au chrono.
Cette fois, à l’annonce de la réussite de ton dernier objectif, tes proches risquent davantage de t’interroger sur le dénivelé positif, la technicité du parcours et le kilométrage total avant de s’intéresser à ton chrono.
Si par ailleurs tu termines un ultra-trail, beaucoup n’auront même pas idée de te demander ton temps de course ! Quant à la question de savoir si tu as marché, elle n’effleurera l’esprit de personne tant la marche est quasi obligatoire et banalisée en trail.
💡 Des stratégies de course aux antipodes
Enfin, au-delà de la notion de résultats, la stratégie de course est fondamentalement différente entre la course sur route et le trail. En effet, sur la route, tu peux prévoir de courir chaque kilomètre à vitesse égale, de faire un negative split (courir la seconde moitié de course plus rapidement que la première) ou inversement, un positive split.
Si tu n’es pas familier(ère) de ces termes, tu peux consulter notre article sur les expressions du running. L’idée est de réfléchir à ta vitesse en fonction de ton chrono visé.
Sur une course de trail, il est impossible de garder une allure régulière. Certaines portions plates te permettent de courir à des vitesses similaires à ton allure sur la route, quoiqu’avec un terrain instable, mais la plupart du temps, tu dois t’adapter.
En montée par exemple, tu vas très certainement marcher. En descente, peut-être que tu pourras aller plus vite que ton allure sur le plat. Tu ne pourras en tout cas pas avoir une allure de course constante.
Les différences d’équipement et de nutrition entre la course à pied sur route et le trail-running
Quiconque place un(e) coureur(se) sur route et un(e) traileur(se) à côté sera capable de rattacher chacun(e) à sa discipline. La marge d’erreur sera assurément très faible. Pour cause : les deux ont un équipement différent. Cette différence se retrouvera aussi sur leurs ravitaillements en course.
👟 Trail ou route : une liste de matériels en partie distincte
Il suffit d’un short, un tee-shirt, une paire de baskets et on peut courir.
Si c’est une réalité pour la course sur route, jusqu’à une certaine durée d’effort, ce n’est pas le cas sur trail. À moins bien sûr de se contenter d’une sortie courte sans s’éloigner de son lieu d’habitation.
Le meilleur moyen d’illustrer cette distinction est d'observer les deux lignes de départ : le trail d’un côté, la route de l’autre.
Pour les coureur(se)s à pied sur route, tu constates vite que le mot d’ordre est : aller à l'essentiel. Rien de superflu, tout est optimisé pour alléger le poids des participant(e)s et leur permettre de courir plus vite. Certain(e)s portent tout de même quelques ravitaillements sur les distances à partir du semi-marathon.
D’autres ont une petite réserve d’eau mais quoi qu’il en soit, des ravitaillements sont présents à intervalles d’environ 5 kilomètres. Il n’y a donc aucune obligation d’emporter quoi que ce soit (bien que sur un marathon, on te conseille de prendre avec toi tes propres ravitaillements testés à l’entraînement).
A contrario, prendre le départ d’un trail est souvent assorti de plusieurs obligations parmi lesquelles figurent le fameux matériel obligatoire. Sur des trails courts, il se peut que tu y échappes mais lorsque les kilomètres-effort deviennent significatifs, tu dois t’équiper en conséquence.
Les organisateurs imposent souvent un gilet de trail, des vêtements permettant de s’adapter aux conditions météorologiques changeantes, un minimum d’eau et de nourriture, mais aussi des kits de soin, des moyens de communication, des lampes frontales, des couvertures de survie etc. Et gare à celui ou celle qui ne respecte pas les règles !
Toutefois, tu peux te lancer dans le trail sans avoir besoin d’acheter tout le matériel immédiatement. On t’a préparé(e) une petite liste utile pour débuter.
🍫 Une approche de la nutrition et du ravitaillement radicalement différente
Comme dit plus haut, le rapport à la nutrition et au ravitaillement en course est radicalement différent selon que tu cours un trail ou une course sur route. Le principe reste le même : garder un niveau d’énergie nécessaire pour soutenir ton effort et avancer.
Mais la manière diffère. En effet, en course à pied sur route, les chocs répétés inlassablement sur le sol dur ont tendance à provoquer des troubles gastriques importants. La vitesse rend quant à elle la prise de nourriture plus compliquée si tu vises un certain chrono. Pour ces raisons, les produits utilisés par les athlètes sont principalement des gels, des pâtes de fruits et autres petits aliments riches en glucides et très faciles à ingérer.
En revanche, si tu cours un trail, et plus encore un ultra-trail, les possibilités de ravitaillement sont très variées. Tu retrouves les mêmes produits que sur la route, mais aussi des barres plus consistantes, sucrées ou salées. Des soupes voire même des repas attendent sous les tentes de ravitaillement des trails longs.
D’ailleurs, les traileur(se)s prennent le temps de ralentir voire de s’arrêter quelques instants aux points de ravitaillement. La vitesse moins importante et la variation de terrains limitent les désordres intestinaux, même si elles ne les suppriment pas.
Course sur route et trail : deux disciples aux frontières de plus en plus floues
Les frontières entre le trail-running et la course à pied sur route sont longtemps restées closes. Les coureur(se)s pensaient en effet que l’esprit aventureux et proche de la nature du trail ne pourrait jamais rencontrer celui de la route, plus axé performance et plus urbain.
Les adeptes des deux disciplines ne se croisaient que rarement, chacun(e)s évoluant sur son propre terrain. La seule exception : les États-Unis où les athlètes de trail comme Jim Walmsley sont classiquement formé(e)s sur les pistes d’athlétisme universitaire.
Mais depuis quelques années, on voit de plus en plus d’athlètes, amateur(ice)s et professionnel(le)s, se lancer parallèlement dans le trail et sur la route. On peut citer dernièrement Théo D’Étienne, traileur professionnel partie à l’assaut des fameux cross-country, institutions du monde de l’athlétisme et de la course sur route. Blandine L’Hirondel a pris l’habitude elle-aussi de les placer dans sa saison hivernale.
Du côté des courses plus classiques, la frontière devient aussi de plus en plus floue. En 2020, la légende Kilian Jornet avait quant à lui décidé de prendre le départ d’un 10K et était passé sous la barre des 30 minutes, créant l’événement malgré ce que certain(e)s ont qualifié de “performance décevante”.
Depuis, ce qui tenait de l’anecdote est devenu plus courant. On a pu voir Mathieu Blanchard, le nouveau coach de trail chez Campus, signer un magnifique chrono de 1 heure 07 minutes et 38 secondes au Semi-marathon de Paris ou encore Hassan Chahdi s’aligner sur des trails prestigieux comme Sierre-Zinal.
Finalement, on constate vite que malgré des différences notables, le trail et la course à pied sur route ne sont pas irréconciliables. Initialement très opposées dans leurs approches, les deux disciplines attirent désormais les athlètes en quête de diversité et de découverte.
Le nombre d’amateur(ice)s qui passent de la route aux sentiers (et inversement) a d’ailleurs explosé en quelques années. S’oriente-t-on vers un avenir de coureur(se)s plus polyvalent(e)s, moins spécialisé(e)s ? Cette diversité a-t-elle des limites, notamment dans le haut niveau ?
Beaucoup de questions passionnantes auxquelles l’avenir nous répondra !
Nolwenn
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