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Sommaire
Le témoignage du Campusien, Tanguy Savin
S’entraîner pour courir sur l’île de la Réunion lorsqu’on vit dans le département le plus plat de France
Premières foulées sur “l’île intense”
Des rêves plein la tête
Le témoignage de Sylvaine, alias “Sissi”, Cussot
L’île de la Réunion pour se reconstruire
La Diagonale des Fous pour la quatrième année d’affilée
🏃🏽♀️ Son entraînement pour préparer la Diagonale des Fous
🧳 Ses essentiels
🍼 Ses ravitos
🫶 Ses moments préférés sur la Diag'
Les leçons de résilience de Sissi
Les conseils de Sissi à Tanguy, notre Campusien qui s’apprête à courir pour la première fois sur l’île de la Réunion (Trail de Bourbon)
Les courses du Grand Raid de la Réunion en bref
Quelles distances et quels dénivelés font les courses du Grand Raid de la Réunion ?
Où ont lieu les départs et les arrivées des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Combien y a-t-il d'inscrit(e)s sur les courses du Grand Raid de la Réunion ?
Comment/où suivre les courses du Grand Raid de la Réunion ?
Quelles sont les barrières horaires des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Qui peut faire la Diagonale des Fous ? Quel niveau faut-il avoir en course à pied pour faire la Diagonale des Fous ?
Quels sont les parcours des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Palmarès : quels sont les dernier(ère)s vainqueur(e)s des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Quel est le trail le plus dur du monde ? La Diagonale des Fous ?
Le coup d'envoi des courses du Grand Raid de la Réunion a lieu jeudi 17 octobre 2024 à 17 heures avec le Zembrocal Trail.
Pour de nombreux(ses) traileur(se)s, le Grand Raid de La Réunion est un rendez-vous incontournable du calendrier trail running, et celles et ceux qui ne sont pas encore parvenu(e)s à décrocher leur dossard rêvent (plus ou moins secrètement) de s’aligner sur l’une des courses proposées par la mythique organisation. Parmi les courageux(ses) qui auront la chance — non moins méritée — d’être au départ de ces épreuves d’exception, il y a Sylvaine, “Sissi”, Cussot. La Réunionnaise d’adoption (Mancelle d’origine), traileuse tout autant expérimentée qu’inspirante, s’apprête à courir la Diagonale des Fous (175 kilomètres, 10 150 mètres de dénivelé positif) pour la quatrième année consécutive. Quant à lui, Tanguy Savin, coureur néophyte et Campusien invétéré, fera ses premières foulées sur “l’île intense” à l’occasion du Trail de Bourbon (100 kilomètres, 6 090 mètres de dénivelé positif). Portraits croisés de deux passionné(e)s qui s’apprêtent à (re)vivre l’aventure d’une vie.
Le témoignage du Campusien, Tanguy Savin
Tanguy Savin, 31 ans, vit à Nantes. Judoka pendant plus de 15 ans, il troque sa casquette de développeur web dès qu’il en a l’occasion pour s’adonner à sa passion pour la course à pied, et plus récemment pour le trail running. Depuis qu’il a enfilé ses baskets, Tanguy n’a pas chômé. D’abord le marathon de Nantes, en 2022, “poussé par un copain”. Épreuve remarquablement bouclée en 4 heures et 8 minutes avec un plan d’entraînement Campus douze semaines. “Je me suis retrouvé mordu de la course à pied après ça”. L’année suivante, il se réessaye à la distance reine et, à raison de quatre ou cinq séances d’entraînement hebdomadaires, fait radicalement descendre son chrono de référence : 3 heures 23 🎉. “Après ce marathon, j’ai eu envie de passer au trail et j’ai fait des courses de plus en plus longues”. Il y a eu La Course du Bois, “une course intimiste de nuit, en Nouvelle Aquitaine” (une boucle de 3 kilomètres et 100 mètres de dénivelé positif à effectuer en moins de 30 minutes, départ toutes les demi-heures pendant 10 heures), puis le X-Ultra-Trail (Grands Trails d’Auvergne, 84 kilomètres, 3 200 mètres de dénivelé positif). “Je me suis senti plus à l'aise sur ces formats que sur marathon. Des efforts plus longs à endurer, mais moins intenses, ça me plaît bien”. En juin 2024, Tanguy vient à bout de son premier 100 kilomètres. Pour son essai sur la distance, il n’a pas opté pour l’épreuve la plus simple à négocier : le Trail 100 Andorra by UTMB (107 kilomètres, 6 400 mètres de dénivelé positif). “Je pense que c’est une très bonne prépa, mais je m’attends à ce que ce soit beaucoup plus technique à la Réunion. Les chemins sont plus sauvages, plus cabossés, tandis que dans les Pyrénées, ce sont des chemins de randonnée”.
S’entraîner pour courir sur l’île de la Réunion lorsqu’on vit dans le département le plus plat de France
Avec une altitude moyenne culminant à seulement 34 mètres, la Loire-Atlantique s’adjuge la médaille du département le plus plat de France 🥇 ! Qu’on se le dise, ce n’est pas l’idéal pour préparer une course comptant 6 090 mètres de dénivelé positif, prenant place sur des chemins escarpés, qui plus est dans un climat tropical. Mais tout ça, Tanguy en a bien conscience. “Je m’entraîne au terril d’Abbaretz, un ancien site minier dont le point culminant s’élève à 70 mètres au-dessus du sol. Parce que c’est le point le plus haut de Loire-Atlantique, c’est un repère de traileur(se)s : en fait, on y fait des allers-retours. C’est assez répétitif”. Tanguy monte et descend aussi les 121 marches de la Butte Sainte-Anne, située 30 mètres au-dessus des quais. “S’entraîner à Nantes quand on veut faire du dénivelé est un handicap, mais il faut s’adapter”, reconnaît-il. S’il compense comme il le peut le manque de dénivelé de l’endroit dans lequel il vit, pour ce qui est du climat, il n’y a pas grand-chose à faire. “Ici (à Nantes, ndlr), ce n’est pas propice pour se préparer à la Réunion. En gros : on n’a pas eu d’été, seulement une ou deux petites semaines de beau temps début août, et c’est tout. J’aurais bien aimé avoir un été très chaud pour m’acclimater… Globalement, je ne suis pas quelqu’un qui s’inquiète, mais s’il y a un doute que j’ai, c’est celui de la gestion du climat, il y a la chaleur à gérer en journée, et le froid la nuit. Le climat tropical de la Réunion n’a strictement rien à voir avec le climat tempéré du bord de l’Atlantique”. 🌬️
Premières foulées sur “l’île intense”
Tanguy n’a jamais mis les pieds sur l’île de la Réunion. Depuis longtemps, il a en tête d’y passer ses vacances… et comme de nombreux(ses) traileur(se)s, d’en profiter pour épingler un dossard ! Initialement, le Nantais visait l’épreuve reine du Grand Raid de la Réunion : la Diagonale des Fous. Mais la course aux dossards a été trop rapide, et Tanguy s’est rabattu sur le Trail de Bourbon. “Avec le recul, ce n’est pas une mauvaise chose, ça me permet de faire les choses avec plus de progressivité”. Et quand on lui demande si certains paramètres de la course lui font peur, c’est avec beaucoup de lucidité que l’ancien judoka répond :
L'interdiction d'utiliser ses bâtons (pour préserver les sentiers) ? Depuis qu'il s'est inscrit au Trail de Bourbon, Tanguy ne les utilise plus du tout, seulement lors du Trail 100 Andorra by UTMB.
La nuit ? “Normalement, les températures ne vont pas trop descendre. J’espère surtout qu’elles ne vont pas monter trop haut dans la journée !”.
Le manque de sommeil ? Tanguy reconnaît avoir des facilités à appréhender les nuits blanches, en plus d’avoir plusieurs courses de nuit à son actif. “L’adrénaline de l’effort m’empêche de penser à m’endormir… mais qui sait, sur un format ultra-trail, ça sera peut-être différent”.
La charge d’entraînement nécessaire pour passer la ligne d’arrivée d’une telle épreuve ? Ses six entraînements de course à pied/trail par semaine (soit environ 9 heures de running par semaine, 16 heures en comptant les week-ends choc), et ses deux ou trois cours de circuit training (méthode qui combine notamment plusieurs exercices de cardio et de renforcement musculaire) hebdomadaires devraient amplement faire l’affaire.
Des rêves plein la tête
“Je pense que la Diagonale des Fous est la meilleure façon de découvrir la Réunion car on parcourt quasiment la totalité de l'île. Bon, le Trail de Bourbon est plus court, mais 100 kilomètres, ça reste pas mal ! C’est incroyable de pouvoir découvrir autant de paysages d’un seul coup”. Tanguy rêve d’océan Indien, de montagne, de cirques et de chaleur. Il sera quatre semaines sur place au total : “un peu moins de deux semaines avant le jour J pour commencer à visiter, faire des randonnées, m’acclimater et voir de jour les endroits traversés de nuit… et deux semaines après la course pour me reposer et récupérer mes jambes (rires)”. Côté ambiance, Tanguy a bien évidemment connaissance de la réputation des Réunionnais(es), et le fait que le départ de sa course ait lieu le lendemain de la Diagonale des Fous n’est pas sans lui déplaire. “J’ai hâte de vivre cette effervescence côté spectateur sur la Diag’, et côté coureur sur le Bourbon”. Le coureur pourra aussi compter sur le précieux soutien de sa compagne, Adèle, qui l’assistera à différents points de ravitaillement. “Le lendemain du départ (le 18 octobre à 21 heures, ndlr), c’est son anniversaire… J’ai 24 heures pour arriver et pouvoir le fêter avec elle !”. Si ça, ce n’est pas une motivation ! Et si Tanguy met plus de 24 heures pour rallier la ligne d’arrivée, on est certain(e)s qu’Adèle saura le lui pardonner. 😉
➡️ Update : Tanguy est venu à bout du Trail de Bourbon en... 23 heures 57 minutes et 4 secondes ! Objectif réussi ! Bravo Tanguy ! 🎉
Le témoignage de Sylvaine, alias “Sissi”, Cussot
Si tu ne connais pas encore Sissi, on peut te dire que tu n’es pas prêt(e) de l’oublier. Figure emblématique du trail français, Sissi Cussot affiche de belles lignes à son palmarès : plusieurs podiums à l’EcoTrail de Paris, une sélection en équipe de France de trail et des places de choix sur quelques monuments du trail (pour ne citer qu’elles : 4e de la CCC en 2014, 8e de la TDS en 2018, ou encore 7e du MIUT en 2018). Mais Sissi ne se résume pas “seulement” à ses résultats. Sissi, c’est la passion du running incarnée. “Je cours grâce à mes parents, depuis l’âge de 6-7 ans. On allait courir en famille dans les bois de l’Épau (au Mans). À notre retour à la maison, mon papa nous faisait des bons crottins de chèvre. C’était notre rendez-vous familial”, se souvient Sissi. À 10 ans, elle prend sa première licence d’athlétisme et ne s’arrête plus, jusqu’à aujourd’hui. “Avant la compétition, la course à pied, c’était juste un équilibre de vie, un besoin de me dépenser. J’ai longtemps fait du sport sans objectif de résultats, de performance. C’était pour moi le rendez-vous avec les copains du club, et puis quand tu obtiens tes premiers résultats et que tu décroches des partenariats, tu as envie de bien faire les choses, de mieux t’entraîner. C’est un cercle vertueux”. Aujourd’hui, Sissi court presque tous les jours, “en fait, je me force à prendre un jour de repos par semaine (rires)”.
"La course à pied fait partie intégrante de ma vie. Courir m’est indispensable pour me sentir bien. Sans sport, je ne serais pas bien dans ma tête et dans mon corps".
Sissi aime tellement la course à pied qu’elle en a fait son métier : depuis douze ans, elle travaille pour la célèbre enseigne Irun. Arrivée aux prémices de l’entreprise (c’est la 9e embauchée), elle a été recrutée au coup de cœur par Emmanuel Vidal, “qui n’a, je pense, même pas regardé mon CV (rires)”. Après avoir animé E-Motion Trail, Sissi est aujourd’hui à la tête de la toute nouvelle émission Trail Discovery, dans laquelle elle emmène des personnalités inspirantes découvrir des terres de trail. “C’est super enrichissant de construire tous ces projets autour de ma passion. Être sur le terrain, mettre le trail en lumière et partager des moments autour de notre sport, c’est vraiment ce qui m’anime le plus. Je veux déclencher des envies. Parfois, des gens m’écrivent pour me dire qu’ils se sont intéressés au trail grâce à mes partages. C’est incroyable !”.
L’île de la Réunion pour se reconstruire
La traileuse est arrivée sur l’île de la Réunion début 2021, “j’ai quitté la métropole suite à une rupture difficile, après 10 ans de relation. Partir était nécessaire, pour tourner une page et en ouvrir une nouvelle, pour repartir à zéro”. La Réunion, terre de trail par excellence, est donc le choix qui s’est naturellement imposé à elle. Et si elle prévoyait d’y mettre les pieds dans le cadre de son évolution sportive, elle ne pensait pourtant pas y rester plus de 2-3 mois… Ce que Sissi n’avait pas prévu en posant ses valises à la Réunion, c’est qu’en venant y soigner son cœur, elle tombe éperdument amoureuse de cette île.
Inutile de préciser que la Diagonale des Fous est sa course de cœur. “Cette course a ce truc en plus, car maintenant, la Réunion, c’est chez moi, et ça veut dire beaucoup sur mon évolution personnelle. Pour plein de raisons, cette course me tient à cœur. Ce n’est pas pour rien que je la refais cette année alors qu’elle est dure et qu’à chaque fois que je franchis la ligne d’arrivée, je me dis que j’en ai bavé ! Mais à domicile tout est plus simple : tu dors chez toi, tu manges chez toi la veille, les copains et les copines sont sur le bord des sentiers, les Réunionnais(es) te portent. Les Réunionnais(es), ils(elles) encouragent tout le monde, ils(elles) sont hyper admiratif(ve)s — admiratif(ve)s de tous les efforts, du premier au dernier — ils(elles) mettent le feu !”. Si l’on ne doute pas que Sissi ait été adoptée par les Réunionnais(es), nul doute n’est possible quant au fait qu’elle les porte, elle aussi, bel et bien dans son cœur !
La Diagonale des Fous pour la quatrième année d’affilée
C’est la tradition. Depuis son arrivée sur l’île de la Réunion, Sissi prend le départ de la Diagonale des Fous. “Une course magique par ce qu’on y traverse, le terrain est incroyable. En plus, l’effervescence commence dès le mois de septembre : on vibre avec l’île pour la Diag’. Le jour où je ne la ferai pas, je m’y investirai à coup sûr d’une autre façon”.
Ils(elles) sont nombreux(ses) à le revendiquer : la Diag’ est une course à part, “différente de tous les autres ultras”. Et avec un monument de cette envergure, on ne plaisante et ne lésine pas avec la préparation. “C’est tellement exigeant et dur. J’ai commencé le trail en 2013, fait mon premier ultra en 2018 : tout ce que j’ai fait durant ce laps de temps compte dans mes prochains ultras et pour ma Diag’ de cette année”. Un cheminement au long cours dont l'achèvement ne peut avoir lieu sans de nombreuses expériences, plus ou moins fructueuses. Chaque entraînement, chaque course étant une pierre patiemment, non moins facilement, et instablement ajoutée à l’édifice de l’accomplissement de ce qui peut représenter l’objectif d’une vie. Sissi le conseille : il faut venir ici en amont pour se préparer au mieux à ce qui nous attend. “Il y a certes une préparation physique à mettre en place, mais aussi une préparation mentale : quand on voit des photos des sentiers, on s’en fait tout un monde : c’est vertigineux, technique, engagé, rien à voir avec ce que l’on connaît en métropole ! Moi, j’avais besoin de me lancer sur le terrain, de le découvrir, d’enlever cette peur de l'inconnu. Et puis il y a aussi le climat. Passer du très froid la nuit au très chaud la journée, ça ne s’improvise pas”. Enfin, comme tu t’en doutes certainement, boucler un ultra-trail implique un volume d’entraînement conséquent, des blocs de préparation, des week-ends choc, mais aussi du dénivelé. “Ça va cramper et courbaturer si les quadriceps ne sont pas prêts. Il faut aussi renforcer ses chevilles et ses genoux, car on effectue sans cesse des petits sauts, et les pentes raides, ça tape ! Je conseille aussi de bien savoir quand et pourquoi on veut se lancer”.
🏃🏽♀️ Son entraînement pour préparer la Diagonale des Fous
Un jour de repos complet (et “forcé”, c’est elle qui le dit 🙈) par semaine.
Cinq entraînements à pied, dont une sortie longue d’une durée comprise entre trois et sept heures. “Tout est assez difficile à la Réunion, on part souvent pour de très longues sorties”. Lors des semaines de charge, Sissi effectue trois à quatre sorties longues hebdomadaires.
Une sortie à vélo par semaine.
“Mon programme est assez variable, il n’est pas arrêté. Je fonctionne à l’envie, au plaisir, je m’adapte au travail, à la fatigue, à la météo. Grâce à mon expérience, j’ai ce recul qui me permet de relativiser. J’ajuste assez souvent. Si je dois faire trois heures de vélo et qu’il pleut dehors, je suis capable de dire que ce n’est pas grave si je n’y vais pas. Il faut bien se connaître et savoir ce dont on a besoin, suivre ses convictions, du moment que c’est clair avec le coach, ça peut bien fonctionner”.
🧳 Ses essentiels
Elle essaye de se détacher des grigris, car “quand on s’attache trop aux choses, on peut vite basculer dans le mauvais sens de ces habitudes qui peuvent nous pourrir la vie quand ça se passe moins bien. Je préfère partir la plus légère possible”.
“La musique, c’est quelque chose que j’aime avoir sur moi quand je me retrouve seule, quand ça va moins bien. J’associe la musique à des moments précis. L’année dernière, sur la Diag’, au moment où j’ai lancé ma playlist, je n’avais plus de batterie, j’étais dégoûtée ! J’ai demandé à mon assistance de recharger mon lecteur, elle me l’a redonné au ravito suivant. Quand j’ai voulu relancer ma musique au début du Chemins des Anglais, je suis tombée sur “Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai”, de Francis Cabrel. Il a juste eu le temps de dire “mon enfant nue sur les galets” et là : plus de batterie ! Quelle ironie. Sur le coup, j’ai ri, mais j’étais dégoûtée”.
“J’écoute plein de styles de musique différents : des chansons qui bougent “ça fait rire les oiseaux, ça fait chanter les abeilles” (🎤 elle a vraiment chanté, ndlr). Je chante quand je cours ! J’aime aussi les chansons très tristes, en mode séquence émotion, ça peut d’ailleurs même me faire pleurer. Il y a aussi les chansons modernes, qui vont rythmer ma foulée, ou celles qui vont me rappeler mon enfance”.
Une équipe d’assistance au top. “Assister sur la Diag’, c’est compliqué, il faut plus d’un(e) assistant(e) par coureur(se). Pour accéder à certains ravitos, il faut randonner deux ou trois heures, voire plus. J’ai la chance d'avoir du monde sur quasiment tous les points et pas mal d’ami(e)s sur l’île qui courent ou qui encouragent. L’île est petite, il y a une belle communauté de traileur(se)s, tout le monde se connaît. On va tou(te)s se porter. Il me tarde de vibrer avec tout le monde !”.
🍼 Ses ravitos
Elle consomme la boisson d’effort de son partenaire nutrition, Nutripure, ainsi que des barres de céréales de la même marque.
Le coca coupé avec de l’eau “ça passe très bien, et de toute façon, au bout d’un moment, il te faut du sucre, peu importe comment !”.
Le fait maison : du riz au lait à la vanille, du gâteau à la patate douce, des sandwichs au fromage, des sandwichs tartinés avec “une grosse épaisseur de spéculoos”. 😋
➡️ “Je pense qu’il faut fonctionner au plaisir, savoir ce qu’on aime dans ces moments d’effort. Le corps a besoin d’énergie et de sucre. Il faut faire en fonction de ce qui passe. Par exemple, en général, j’ai moyennement envie de gels lorsque je cours, je n’en prends que si je n’ai vraiment que ça. J’évite les gros repas, je préfère manger plus souvent de petites portions. Le cerveau et le corps sont liés. Si tu fais du bien à ton cerveau, ton corps te le rend. Si tu vas à l'encontre de ton cerveau, ton corps se braque”.
🫶 Ses moments préférés sur la Diag'
“Le départ est magique, grandiose. Il y a une ambiance incroyable, une effervescence sur les 15 premiers kilomètres, plein de gens : des passionné(e)s et des moins passionné(e)s, des enfants, des personnes âgées. L’euphorie est telle qu’il faut essayer de se maîtriser pour ne pas se laisser embarquer”.
“J’aime beaucoup la transition à Cilaos : tous les ans, j’y arrive au petit matin. C’est une nouvelle course qui commence après la nuit, je retrouve mon assistance, je change de tee-shirt, de chaussures… C’est comme enlever son pyjama et enfiler sa tenue du jour. Souvent, il y a du monde, et puis je me dis que j’ai passé 70 kilomètres de course, je peux faire un état des lieux de comment va se passer la suite”.
“J’adore Mafate, c’est le moment que j’attends le plus”.
Les leçons de résilience de Sissi
Pour la traileuse, c'est très clair : “il y a forcément un moment où il y aura de la douleur, le but est de repousser ce dernier le plus loin possible dans la course. Ce qui fait qu’une course est dure, c’est comment tu la vis, comment tu t’y prépares et ce que tu y vis”. La difficulté, Sissi l’a connue lors de sa Diag’ 2021. Une vilaine chute en plein cœur de Mafate a fait de sa course un véritable calvaire. À l’arrivée, les radios révèlent une fissure de péroné et de multiples côtes cassées. “J’ai fait 80 kilomètres là-dessus, j’ai souffert le martyre. La question de l’abandon s’est bien évidemment posée, mais abandonner impliquait un retour en hélico. J’ai dit, “non, je continue, je sors de Mafate”. Et puis tu pousses, tu pousses encore, et tu pousses jusqu’à l’arrivée. Après ça, je peux tout passer”. 💪
Quand on lui demande s’il y a bien une qualité qu’il faut avoir pour franchir la ligne d’arrivée d’une course, qu’importe sa distance, Sissi nous répond du tac au tac : la résilience. “Du premier au dernier, si tu n’as pas ça en toi, tu ne termines pas. C’est facile de mettre le clignotant. Des gens me disent “j’ai mal au ventre, j’arrête”, je leur dis “arrête-toi, ça va passer, essaie de savoir pourquoi tu as mal, essaie de te poser, peut-être que ça va revenir”. Évitons de baisser les bras tout de suite… Bien sûr, il ne faut pas commettre la bêtise de se détruire la santé. J’admire tous les efforts, du premier au dernier, tou(te)s les finisseur(se)s font preuve de résilience. Il faut avoir conscience que c’est dur d'aller au bout… Et de toute façon, quand tu parles avec les coureur(se)s avec qui tu es, il y a toujours un truc qui ne va pas, c’est super rare que quelqu’un te dise “tout va bien” (rires)”.
Et parce que la résilience va de pair avec l’humilité, Sissi n’aime pas parler de classement. “On ne sait jamais vraiment comment sont les autres, on n’est pas dans la tête des gens”. Elle comptera donc sur ses chronos précédents pour estimer sa future performance : entre 34 et 37 heures, puisque le parcours est plus long cette année. “J’ai hâte, et un peu peur aussi. C’est une course qui fait peur car elle est très technique, on n’est pas à l'abri d’un accident. Si l’abandon n’est pas dans mes options, la chute, elle, m’effraie. Je n’aurais qu’une seule chose en tête : le stade de La Redoute, à Saint-Denis. J’ai déjà fait trois fois l’arrivée, je la visualise parfaitement”.
Les conseils de Sissi à Tanguy, notre Campusien qui s’apprête à courir pour la première fois sur l’île de la Réunion (Trail de Bourbon)
“S’il n’a pas réussi à obtenir de dossard pour la Diag’, il y arrivera l’année prochaine ! C’est très bien de commencer par une distance inférieure pour se faire une idée du terrain et du climat, surtout si c’est sa première fois sur l’île. Et puis comme je le disais, l’ultra, c’est une prépa mentale sur plusieurs années. Il va voir comment il se sent. Ça va être dur, c’est sûr. Il aura des moments de moins bien, de down, il ne faudra pas baisser les bras, il ne faut pas avoir envie de mettre le clignotant à la première difficulté rencontrée. L’ultra, c’est des hauts et des bas, ce sont des courses de patience. C’est hyper bluffant à quel point le corps passe du mieux au pire en quelques minutes. Il faut savoir être patient, s’écouter, s’analyser. Et puis parfois, il aura l’impression d’être très lent car ça grimpe dur, mais c’est pour tout le monde pareil, idem pour la douleur !”.
➡️ Update : Sissi a bouclé sa quatrième Diagonale des Fous en 36 heures 43 minutes et 24 secondes, et décroche une très belle sixième place chez les femmes ! Bravo Sissi ! 🎉
Les courses du Grand Raid de la Réunion en bref
Si ces portraits t’ont donné envie d’en savoir plus sur les courses du Grand Raid de la Réunion, nous répondons à toutes les questions que tu te poses peut-être, et même à celles auxquelles tu n’as pas encore pensé ! 💡
Quelles distances et quels dénivelés font les courses du Grand Raid de la Réunion ?
La Diagonale des Fous : 175 kilomètres et 10 150 mètres de dénivelé positif (la Diagonale des Fous est plus longue en 2024 puisque la sortie de Mafate se fait via le Maïdo et non plus par Dos D’Âne).
Le Trail de Bourbon : 100 kilomètres et 6 090 mètres de dénivelé positif.
La Mascareignes : 70 kilomètres et 4 000 mètres de dénivelé positif.
Le Metis Trail : 50 kilomètres et 2 500 mètres de dénivelé positif (ce format est le petit nouveau de l’édition 2024. Il a pour vocation de rendre accessible l’une des courses du Grand Raid de la Réunion à celles et ceux qui débutent le trail running, ou encore aux traileur(se)s friand(e)s de distances plus courtes).
Le Zembrocal Trail : 151 kilomètres et 9 130 mètres de dénivelé positif (cette course se court en relais, par équipe de quatre).
Où ont lieu les départs et les arrivées des courses du Grand Raid de la Réunion ?
La Diagonale des Fous : départ jeudi 17 octobre 2024 à 22 heures, dans le quartier de la Ravine Blanche, dans la commune de Saint-Pierre ; arrivée au stade de La Redoute, à Saint-Denis.
Le Trail de Bourbon : départ vendredi 18 octobre 2024 à 21 heures, à Cilaos ; arrivée au stade de La Redoute, à Saint-Denis.
La Mascareignes : départ vendredi 18 octobre 2024 à 1 heure, à Hell-Bourg, au stade Paul Dominique Hubert ; arrivée au stade de La Redoute, à Saint-Denis.
Le Metis Trail : départ samedi 19 octobre 2024 à 7 heures 30, dans la Grotte du Peuplement de Saint-Paul ; arrivée au stade de La Redoute, à Saint-Denis.
Le Zembrocal Trail : départ jeudi 17 octobre 2024 à 17 heures, à la mairie de Saint-Joseph ; arrivée au stade de La Redoute, à Saint-Denis.
Combien y a-t-il d'inscrit(e)s sur les courses du Grand Raid de la Réunion ?
La Diagonale des Fous : 2 902 inscrit(e)s en 2024.
Le Trail de Bourbon : 1 244 inscrit(e)s en 2024.
La Mascareignes : 1 621 inscrit(e)s en 2024.
Le Metis Trail : 570 inscrit(e)s en 2024.
Le Zembrocal Trail : 880 inscrit(e)s en 2024.
Comment/où suivre les courses du Grand Raid de la Réunion ?
Grâce à la puce dont sont doté(e)s les participant(e)s, tu peux suivre le(la) coureur(se) de ton choix via le suivi live. Pour ce faire, il te suffit de rentrer son nom ou son numéro de dossard, et de cliquer sur “voir”. À savoir que le suivi n’a pas tout à fait lieu en direct : un(e) coureur(se) doit passer devant différents points de contrôle pour que sa puce soit détectée. Un algorithme calcule ensuite automatiquement une estimation de son prochain temps de passage au point suivant.
Tu peux aussi suivre les courses du Grand Raid de la Réunion en direct sur la chaîne Réunion La 1ère. 📺
Quelles sont les barrières horaires des courses du Grand Raid de la Réunion ?
La Diagonale des Fous : départ jeudi 17 octobre 2024 à 22 heures ; arrivée dimanche 20 octobre 2024 à 16 heures, soit 66 heures d’effort maximum.
Le Trail de Bourbon : départ vendredi 18 octobre 2024 à 21 heures ; arrivée dimanche 20 octobre 2024 à 15 heures, soit 42 heures d’effort maximum.
La Mascareignes : départ vendredi 18 octobre 2024 à 1 heure ; arrivée vendredi 18 octobre 2024 à 22 heures, soit 21 heures d’effort maximum.
Le Metis Trail : départ samedi 19 octobre 2024 à 7 heures 30 ; arrivée samedi 19 octobre 2024 à 21 heures 30, soit 14 heures d’effort maximum.
Le Zembrocal Trail : départ jeudi 17 octobre 2024 à 17 heures ; arrivée samedi 19 octobre 2024 à 8 heures 45, soit 39 heures 45 d’effort maximum.
Qui peut faire la Diagonale des Fous ? Quel niveau faut-il avoir en course à pied pour faire la Diagonale des Fous ?
Pour t’inscrire à la Diagonale des Fous en 2024, il te faut avoir bouclé deux trails d’au moins 85 points (85 kilomètres ou 85 kilomètres-effort) chacun entre le 1er janvier 2023 et le 31 juillet 2024. Il faut aussi être chanceux(se) au tirage au sort ! Évidemment, nous te conseillons de te sentir prêt(e) avant de franchir le cap de l’ultra-trail, et en particulier avec une épreuve aussi difficile et exigeante que celle de la Diagonale des Fous. Fais le point sur tes envies et tes motivations profondes avant de te lancer.
Quels sont les parcours des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Pour consulter les parcours des courses de l’édition en cours (2024) du Grand Raid de la Réunion, tu peux consulter le site web de l’organisation, rubrique “Les courses”.
Palmarès : quels sont les dernier(ère)s vainqueur(e)s des courses du Grand Raid de la Réunion ?
Résultats de l'édition 2024 des courses du Grand Raid de la Réunion - Classements hommes
Place | La Diagonale des Fous | Le Trail de Bourbon | La Mascareignes | Le Metis Trail | Le Zembrocal Trail |
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1. | Mathieu Blanchard - 23:25:02 | Louison Coiffet - 12:27:28 | Alexandre Depeche - 08:28:06 | Corentin Fourni - 06:28:21 | Team Vetyver - 19:44:30 |
2. | Jean-Philippe Tschumi - 24:08:32 | Augustin Saurel - 13:58:30 | Nicolas Marcy - 08:29:02 | Leo Serca - 06:43:25 | Team PTP - 19:45:05 |
3. | Ben Dhiman - 24:42:53 | Mickaël Brée - 14:30:38 | Antoine Comparot - 08:34:02 | Grégoire Ruyssen - 06:46:39 | TPC Hommes - 19:57:31 |
4. | Diego Pazos - 26:33:42 | Gerald Moutiapoulle - 14:46:04 | Matis Fugier - 08:40:23 | Jonathan Cotte - 06:46:46 | Zaipamal - 24:21:20 |
5. | Martin Kern - 26:33:42 | Eric Concé - 15:05:47 | Jean-Charles Breton - 08:45:04 | Yannick Imbrosciano - 06:49:04 | Cabris Superstars TPC - 24:31:24 |
Résultats de l'édition 2024 des courses du Grand Raid de la Réunion - Classements femmes
Place | La Diagonale des Fous | Le Trail de Bourbon | La Mascareignes | Le Metis Trail | Le Zembrocal Trail |
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1. | Manon Bohard - 31:49:55 | Leslie Nowicki - 16:39:34 | Laure Rebuffet - 10:12:31 | Marcelle Puy - 07:17:27 | Zaipamal - 24:21:20 |
2. | Maryline Nakache - 33:01:19 | Marion Zaradzki - 17:19:21 | Thaïs Pibouleau - 11:04:57 | Céline Louis - 07:52:24 | The Pipelettes Company TPC - 25:50:42 |
3. | Pauline Grardel - 33:46:15 | Chloé Meriel - 17:45:14 | Margaux Beyre - 11:13:24 | Sabrina Sauve - 08:03:00 | Otarie Club - 27:04:16 |
4. | Aline Coquard - 35:21:42 | Pauline Winer - 18:29:18 | Camille Peltier - 11:44:04 | Elise Duchez - 08:11:46 | Les Louves - 27:35:17 |
5. | Wenfei Xie - 35:59:25 | Libéra Fontaine - 18:29:18 | Helene Plas - 11:46:47 | Celia Seychelles - 08:41:50 | Les Zembro'Ailes - 28:44:45 |
Quel est le trail le plus dur du monde ? La Diagonale des Fous ?
Si la Diagonale des Fous est considérée comme étant l’une des courses (format 100 miles) les plus exigeantes au monde, comme le dit si bien Sissi Cussot, “ce qui fait qu’une course est dure, c’est comment tu la vis, comment tu t’y prépares et ce que tu y vis”. C’est donc une question de perspective, de maturité sportive et de préparation. Peut-être qu’une année, elle te semblera être la course la plus difficile que tu n’aies jamais faite, tandis qu’une autre édition au cours de laquelle tu auras eu de meilleures sensations et pour laquelle tu auras effectué une préparation plus optimale ne te semblera pas si intraitable que cela ! 🤷🏾
Si tu rêves de courir l’une des épreuves du Grand Raid de la Réunion, nous espérons que les témoignages de Tanguy et de Sissi t’ont aidé à prendre l’ampleur de l’engagement physique et mental requis pour se frotter à “l’île intense”. Et n’oublie pas que le plus important reste d’être en accord avec tes propres envies et convictions sportives, alors écoute-toi avant tout. On souhaite également de belles épopées à tou(te)s les participant(e)s des courses du Grand Raid de la Réunion ! 😉
Manon
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