Calcul de l’IMC : un outil vraiment pertinent pour les hommes et les femmes sportif(ve)s ?

Le calcul de l’IMC est un sujet récurrent chez les femmes et les hommes, sportif(ve)s ou non. L’indice de masse corporelle (IMC) est un outil notamment utilisé par les médecins. On le résume souvent comme un moyen de savoir si l’on est en bonne santé physique ou non. Pourtant, l’IMC, ce n’est pas tout à fait ça…

Alors qu’est-ce que l’IMC ? Pourquoi le calculer ? Comment interpréter ses résultats ? Et pourquoi n’est-il pas toujours un outil très fiable, qui fait parfois débat ? Éléments de réponse.

La notion d’IMC a été inventée au milieu du XIXème siècle par le mathématicien belge Adolphe Quetelet. Elle a initialement été mise au point afin de définir la corpulence d’une personne en allant au-delà de la simple donnée que représente son poids. 

Ainsi, le calcul de l’IMC ne tient pas compte uniquement du nombre qui s’affiche lorsque l’on monte sur une balance. Il le rapporte à la taille. Un calcul simple qui, outre le fait de caractériser une corpulence, permettrait également de définir un « poids de forme » ou « poids idéal » et donc de savoir si notre poids est adapté pour notre taille. En théorie, l’IMC, c’est ça.

Comme on vient de le voir, l’indice de masse corporelle se base sur deux données principales : le poids et la taille d’une personne. 

Par exemple, si tu pèses 60 kilogrammes et que tu mesures 1,70 mètre, ton IMC sera de 20,76.

Mais une fois le calcul fait et le résultat obtenu, souvent, cela peut laisser perplexe. Pour bien comprendre ce que ce dernier signifie et en avoir une bonne interprétation, encore faut-il connaître les seuils de références auxquels se rapporter.

En 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de faire de l’indice de masse corporelle une sorte de norme afin d’évaluer certains risques liés à la santé comme la maigreur, le surpoids, l’obésité, etc. Pour cela, elle a établi des seuils de référence, eux-mêmes basés sur la relation constatée statistiquement entre l'IMC et le taux de mortalité. 

Selon l’OMS, un IMC « normal » se situe donc entre 18,5 et 24,9. Mais cela vaut-il pour tous (hommes, femmes, enfants, adultes, etc.) ?

C’est assez rare pour être souligné, pour une fois, aucune différence n’est faite entre les hommes et les femmes. Dans le calcul de l’IMC, le sexe et l’âge ne rentrent pas en compte. 

Que tu sois un homme de 40 ans ou une femme de 20 ans, si tu mesures 1,70 mètre et pèses 60 kilogrammes, ton IMC sera de 20,76. C’est tout. Mêmes données, mêmes résultats. Idem pour la question de l’IMC « normal » : selon l’OMS, dès lors que tu es adulte, quels que soient ton âge et ton sexe, il se situe entre 18,5 et 24,9.

Autre chose à savoir sur le calcul de l’IMC : il a initialement été pensé pour les femmes et les hommes adultes âgé(e)s de 18 ans à 65 ans, et non pour les enfants. Mais depuis son invention au milieu du XIXème siècle, certain(e)s scientifiques se sont penché(e)s sur la question du calcul de l’IMC chez les jeunes de 0 à 18 ans.

Si la méthode de calcul reste la même que pour les adultes, plusieurs points diffèrent dans l’interprétation de l’indice de masse corporelle chez les enfants. 

Ainsi, on ajoute la prise en compte de l’âge et du sexe. On enlève aussi les catégories, remplacées par des courbes de croissance (que tu as d’ailleurs déjà dû voir dans ton carnet de santé) sur lesquelles il faut placer le résultat du calcul. Le but est néanmoins le même : pouvoir prévenir d’éventuels risques pour la santé.

Si l’IMC est un indicateur plus intéressant et pertinent que le chiffre qui s’affiche sur une balance, il a malgré tout lui aussi ses imperfections. Il ne tient par exemple pas compte de certains aspects pourtant déterminants dans le résultat du calcul.

Prendre en compte le poids par rapport à la taille, c’est bien. Mais qu’en est-il de la différence, dans le nombre concernant le poids, entre la masse grasse, la masse musculaire et la masse osseuse ? De la répartition de la masse dans le corps ? Des antécédents médicaux personnels ? Du métabolisme ? De la pratique sportive et des habitudes alimentaires ? Des femmes enceintes ?

Bref, il y a pleins de points qui ne rentrent pas en compte dans le calcul de l’IMC et qui pourraient pourtant expliquer – si ce n’est modifier – le résultat obtenu. C’est notamment pour cette raison que la pertinence de l’indice de masse corporelle est parfois remise en cause. 

Mais il ne faut pas oublier une chose : l’IMC n’est pas un diagnostic ni une norme à respecter. C’est un indicateur statistique. Tu ne dois donc pas le prendre au pied de la lettre. Au contraire, tu dois l’apprécier différemment en fonction de ta situation personnelle.

Par ailleurs, en ce qui concerne la notion de « poids idéal », beaucoup de nutritionnistes et de diététicien(ne)s, le disent : le poids idéal n’existe pas, tandis que le poids de forme, si. Ensuite, il ne s’agit pas d’un nombre à atteindre, mais du poids dans lequel tu te sens bien, en pleine possession de tous tes moyens, tant physiquement que moralement.

Tu l’auras compris en lisant les lignes précédentes, l’IMC est un outil qui a ses limites et qu’il faut nuancer. Cela, notamment pour les personnes atteintes de maladies, les femmes enceintes ou encore… les sportif(ve)s ! 

Pour ces profils, le calcul de l’indice de masse corporelle est en effet faussé. En effet, dans le cas des sportifs et des sportives, le muscle pèse plus lourd que la graisse. Et plus il y a de muscles dans le corps, plus l’on pèse lourd, et donc plus l’indice de masse corporelle est élevé. 

Si tu es très musclé(e), il n’est donc pas impossible que le résultat de ton calcul d’IMC te place dans la catégorie « surpoids » alors que tu es en très bonne santé physique. Tu as peut-être déjà vu les études qui comparent Homer Simpson et San Goku, le héros du manga Dragon Ball Z. Les deux personnages ont le même IMC théorique. Pourtant, si tu les visualises, tu constates rapidement que tous les deux n'ont rien à voir physiquement !

A contrario, certain(e)s coureur(se)s de fond comme Eliud Kipchoge, sont très fins, avec un indice de masse corporelle en-dessous du minimum recommandé. Ils/elles ne sont pas pour autant en mauvaise santé ! Ton corps s'adapte à ton activité physique, surtout lorsque tu la pratiques intensément. Dans ce cas, l'IMC perd en pertinence.

Si le calcul de l’indice de masse corporelle n’est pas toujours pertinent, à quoi se fier à la place ? 

Tu as peut-être entendu certain(e)s médecins parler de la méthode de l’impédancemètre. Il s’agit d’un appareil qui mesure avec précision les taux de masses grasse, osseuse et hydrique dans le corps. Les résultats sont ainsi plus précis et détaillés que ceux du calcul de l’IMC. La mesure du tour de taille peut également constituer un indicateur plus pertinent.

Quoi qu’il en soit, excepté dans certains cas, la question de l’IMC et, plus globalement, celle du poids, ne doivent pas être une obsession. Le bon poids, c’est celui dans lequel tu te sens bien physiquement et moralement.

Bref, l’indice de masse corporelle est un indicateur qui, comme beaucoup de choses, à ses points forts, mais aussi ses points faibles. Il est intéressant car il permet de prévenir certains risques majeurs liés à la maigreur ou au surpoids (anorexie, maladies cardiovasculaires, diabète, AVC, hypertension, etc.). 

Il peut aussi jouer un rôle dans le dépistage de certaines maladies. Mais, dans certains cas, il est à nuancer, notamment pour les sportifs et les sportives. Car n'oublie pas qu'une bonne santé physique n’est absolument pas qu’une affaire de poids et de taille. Chacun(e) est différent(e).